Je travaille la matière et donne vie aux toiles par Emmanuelle Vermaut
Je travaille la matière et donne vie aux toiles »
Karine Attal Azoulay est une artiste plasticienne à la personnalité solaire. Cette femme pétillante nous ouvre les portes de son cœur – à défaut de son atelier, confinement oblige – pour parler de son métier-passion. Rencontre avec KARPOP, le nouveau visage inspiré du Pop Art, plein de générosité.
1/ Karine, comment définis-tu le métier d’artiste plasticienne ? Quel sens cela prend-il pour toi ?
C’est bien plus qu’un métier, au-delà même d’une vocation, c’est une passion ! Une passion qui m’anime depuis toujours, qui me donne de la force et de l’énergie chaque jour.
Sans elle, je ne pourrai pas vivre. Je veux parler, bien sûr, du goût pour la vie.
Je n’ai jamais suivi la moindre formation, ni mis les pieds dans une école d’arts. Je suis une autodidacte qui se laisse simplement guider par son inspiration. J’écoute les vibrations de mon cœur en observant le monde. Et le plus excitant ? C’est de pouvoir expérimenter de nouvelles façons de créer.
Artiste plasticienne ? C’est une question d’assemblage de matières, de couleurs et d’objets divers. Il peut s’agir par exemple de capsules de cannettes de soda, de paillettes, de papier froissé… ou encore des collages et des découpages réalisés dans des magazines. N’importe quoi qui s’invite sur la scène de mon imagination au moment où je crée. Mon atelier est d’ailleurs un véritable bric-à-brac d’objets que je glane au gré de mes envies.
Même si j’utilise des quantités de peinture, je ne me définis pas comme une peintre. Dans mes tableaux, la peinture est une matière comme les autres que j’exploite pour composer un décor, des reliefs, sculpter des formes. Cela donne à mes toiles une impression d’images en 3D, qui prennent vie grâce à l’association de ces différentes matières. Je n’ai aucun frein. Les seules limites qui me sont imposées sont les dimensions de la toile. Le reste n’a pas sa place ! Les images, les sensations sont des sources inextinguibles dans lesquelles je puise. Tout ce qui vient à moi, retient mon attention, ou suscite une émotion, m’entraîne dans un processus de création. Alors l’inspiration guide le mouvement de ma main, au fur et à mesure, pour mettre en œuvre chaque pièce du tableau, comme un puzzle.
2/ Comme ton nom d’artiste le souligne, KARPOP, tes tableaux font référence au Pop Art. Est-ce un choix voulu ou s’est-il naturellement imposé à toi ?
Ce n’est pas un choix ! C’est la vie qui m’a fait tomber dedans très tôt ! Je me nourris d’un tas de références un peu foutraques, qui rappelle effectivement ces années de liberté artistique. Ce qui est sûr, c’est que ce n’est jamais académique ! Mais oui, mes tableaux font référence au Pop Art. Je suis très admirative du travail d’Andy Warhol, de Roy Lichtenstein et de Keith Haring. Avec du recul, je dirai plutôt que mes œuvres sont un dérivé de ce que ces artistes des années 60-70 ont produit, puisque je reprends certains éléments très symboliques de cette époque. Mais, pour mieux les détourner dans mes réalisations.
En revanche, j’ai une exigence : l’idée doit être gaie et raconter une histoire…
Créer a toujours été en moi. Je crois même que c’est la petite fille qui sommeille en moi qui me donne un petit coup de pouce pour que je lui offre un terrain de jeu plus vaste, un champ pour s’exprimer. C’est la raison pour laquelle j’ai cessé mon activité professionnelle il y a sept ans, pour me consacrer entièrement à ma passion.
Moi, c’est l’école de la vie ! J’écoute mon cœur avant tout. Ma force de travail, je la puise dans les sensations, les émotions. Dans le seul but de les partager. Sinon elles sont vaines et futiles. C’est pourquoi j’organise des rencontres avec mes clients dans mon atelier. Nous parlons de nos histoires respectives, de celles qui m’ont inspirée. C’est un échange très privilégié. Je peux alors transmettre une émotion à travers un tableau qui va évoquer quelque chose en eux. Et cela est une grande satisfaction pour moi.
3/ Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Tout est source d’inspiration ! Les gens, la rue, les films… Lorsque je mets les pieds dehors, tous mes sens sont en éveil. Une situation insolite, une tranche de vie, le théâtre improvisé des passants qui se croisent, le moindre détail qui fait écho à ma sensibilité alimentent la palette de ma créativité. Il me suffit d’observer ce qui se passe autour de moi, sous mes yeux, en toute humilité. Pour créer, je suis convaincue qu’il faut savoir s’abandonner, ouvrir les digues de son âme et se faire confiance.
A part cela, et comme tout le monde, j’ai mes coups de cœur. Je m’intéresse beaucoup à la culture américaine, la ville de New-York par exemple : Times Square, Broadway, le jazz, et des Love que j’écris en gros sur mes toiles. Un opéra, une chorégraphie, un morceau de musique, une exposition, un livre, sont autant d’éléments que j’exploite à ma guise. Sans oublier les incontournables standards de mes enfants comme le dessin animé Madagascar et l’ineffable Mario Bros !
Je suis tout le contraire d’une solitaire : j’aime être entourée, rire et vivre au contact des autres. Je veux profiter de chaque instant de l’existence, et la meilleure façon pour moi de l’honorer est de la partager. Mon vœu ? Réussir à faire voyager les gens et leur permettre de s’évader à travers mes tableaux.
Interview menée et rédigée par Emmanuelle Vermaut, Rédactrice indépendante.